Les Quincados : la force agile en entreprise

Les Quincados : la force agile en entreprise

SALARIÉ QUINCADO : NE L’APPELEZ JAMAIS « SÉNIOR »

Equipé du portable dernier cri, il s’habille comme un jeune, affiche de l’audace et de la curiosité tout en ayant un solide bagage professionnel. Le « quincado » est-il une victime pathétique du jeunisme ou une chance pour l’entreprise ? En clair, est-il un boulet ou une pépite ?

Sous leur air désinvolte, les quincados tirent leur épingle du jeu dans un monde professionnel qu’ils maîtrisent parfaitement. Serge Guérin, sociologue spécialiste dans l’étude des seniors et professeur à l’INSEEC, se penche sur ces profils atypiques dans un livre à paraitre le mois prochain*.

D’après vos études, qui sont les « quincados » ?

Agés de 45 à 60 ans, ils ne font pas leur âge. On pense, par exemple, à des personnalités comme Antoine de Caunes. Ils vivent, s’habillent et s’expriment comme des jeunes de 35 ans. Cumulant la force de l’expérience avec l’engouement et l’envie de la jeunesse, ils ont gagné 15 ans par rapport à leurs parents : le « quincagéné » d’hier est devenu le « quincado ». Pour lui, la vie est encore devant.

Comment sont-ils perçus en entreprise ?

Si l’entreprise peut, à tort, les déconsidérer, voire provoquer un sentiment de rejet, eux-mêmes se sentent encore jeunes, en quête de nouveaux défis. Ils recherchent du sens, sont animés de la même passion que les adolescents mais ont l’avantage de connaitre toutes les ficelles de l’entreprise. Les quincados entendent prendre le virage de leur seconde vie professionnelle de façon constructive. Leurs attentes ont évolué : la carrière ne les intéresse plus, ou très peu. Ils sont davantage en recherche de sens et de reconnaissance, attendent d’être utiles, de participer à un mouvement. Bien au-delà des variables salariales ou d’avantages spécifiques, ils veulent être considérés et écoutés.

Quels sont leurs principaux atouts ? Ne sont-ils pas caricaturaux ?

Ils ne sont pas caricaturaux car ils sont en phase avec eux-mêmes : ils ne fuient pas leur âge, mais l’ennui. A l’entreprise, ils apportent la force de l’expérience, la connaissance du marché et ont, pour beaucoup d’entre eux, l’envie de la jeunesse. Connaissant leur secteur d’activité, leur métier, ils parviennent à se remettre en question et à s’adapter aux nouvelles contraintes. Ce qui les caractérise est une grande agilité.

Quelles relations entretiennent-ils avec les « vrais » jeunes ?

S’observe une réelle complémentarité générationnelle. Si les jeunes ont toujours appris des anciens, ceux-ci s’enrichissent aujourd’hui également des connaissances technologiques des plus jeunes. De fait, chacun est respecté dans sa dignité et sa fonction. Par ailleurs, beaucoup d’éléments rapprochent les générations actuellement en entreprise au niveau culturel, ne serait-ce que le retour au vintage ou les préoccupations environnementales… S’il est vrai que les quincados et les jeunes vivent dans des temporalités différentes, ils se retrouvent autour de valeurs communes.

Comment les accompagner au niveau des RH ? 

Les quincados sont porteurs de l’image de l’entreprise. Il s’agit de les identifier, de leur proposer de nouveaux défis et de les faire évoluer afin qu’ils soient plus impliqués. Rappelons qu’ils craignent l’ennui… Certains quittent l’entreprise pour s’orienter vers une nouvelle activité, auquel cas ils peuvent en devenir clients ou partenaires. Il est nécessaire de les accompagner vers le changement… Les RH doivent agir en amont et proposer des entretiens de mi-carrière à ces salariés pour les inviter à se projeter. Il leur reste encore 15, voire 20 ans, d’activité… Les entreprises doivent rester à leur écoute au risque de les perdre, ce qui serait dommage, ces quinquas étant finalement… un vrai cadeau !

Propos recueillis par Frédérique Guénot



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